Reims dans la guerre en 1914.

La population rémoise est impressionnée par la fraîcheur des troupes allemandes et le bon état de leur matériel. Pour beaucoup de Rémois, c’est la constatation amère que la presse française leur a menti sur l’état réel d’une armée allemande que le « bourrage de crâne » présentait comme défaitiste et affamée. D’une manière générale le comportement des soldats allemands envers la population civile apparaît convenable. Les Rémois sont sensibles au fait que les Allemands payent ce qu’ils consomment. Les incidents relevés sont très rares et mineurs.

La municipalité rémoise est tout de même forcée de répondre à certaines exigences de l’occupant. Elle doit ainsi s’incliner devant les exigences de l’intendant Zimmer mais elle obtient tout de même un délai pour réunir les produits demandés par les Allemands. Quant à la caution d’un million de francs, elle est garantie par cinq industriels du textile et du champagne, MM. Lelarge, Charbonneaux, Demaison, Heidsieck et Mennesson qui avancent l’argent. Au total,  une partie seulement des denrées réclamées sera livrée dans le court intervalle de temps où les Allemands restent à Reims. La municipalité doit aussi désigner chaque jour deux otages « qui passeront nuit au quartier général et dont la présence répondra du calme de la ville ».

En outre, la municipalité s’adresse par voie d’affiches aux Rémois comme celle du 7 septembre qui les invite à signaler les obus non explosés du bombardement du 4 ou encore  celle du 8 septembre rappelant que le calme doit régner dans la ville. Par ailleurs, le maire se voit dans l’obligation de remplacer deux adjoints qui ont fait défection. Par un arrêté du 7 septembre 1914 Jean-Baptiste Langlet retire leurs délégations au premier adjoint, le radical Paul Chappe, et au quatrième adjoint, le socialiste indépendant Edmond Lesourd, qui ont quitté Reims et abandonné leur poste. Ils sont remplacés par Emile Charbonneaux et Jean Duroy de Bruignac, chefs de file de l’opposition de droite, ce qui constitue une application rémoise de l’Union sacrée, le très anticlérical Jean-Baptiste Langlet travaillant désormais de concert avec les cléricaux bon teint que sont Emile Charbonneaux et Jean Duroy de Bruignac.

Coupés des sources d’information, seul le quotidien le Courrier de la Champagne est autorisé à reparaître mais seulement pour relayer les informations de la Kommandantur, les Rémois peuvent cependant constater à partir du 7 septembre 1914 l’arrivée de nombreux blessés allemands, en même temps que des rumeurs se développent sur une grande bataille qui aurait eu lieu du côté de Montmirail. Dans les jours qui suivent de nombreux convois militaires allemands traversent la ville, signe d’une retraite de l’armée ennemie. Mais cette retraite est ordonnée et préparée comme le montre le fait que les Allemands construisent à Witry-les-Reims des tranchées et disposent des plateformes pour l’artillerie, toutes activités dont le sens échappe largement aux Rémois qui sont dans l’ignorance de la bataille de la Marne. Le 12 septembre vers 18 heures et sous une pluie battante, les Allemands quittent Reims par le faubourg de Cernay et la route de Rethel. Pour couvrir leur retraite ils ont emmené avec eux une centaine de notables rémois pris comme otages qu’ils libèrent au lieu-dit le Linguet, entre Reims et Witry-les-Reims. En même temps que les Allemands quittent la ville, arrivent les premiers éléments français. Vers 21 heures, des cavaliers du 6 ème régiment de chasseurs, sous les ordres du capitaine Dehaussy, entrent dans les faubourgs de Reims, du côté de Maison Blanche. Le 13 septembre au matin, les fantassins des 33ème et 73ème régiments de ligne qui arrivent par la rue de Vesle reçoivent un accueil enthousiaste des Rémois. A 13 heures, le général Franchet d’Espérey, commandant de la 5ème armée fait son entrée dans la ville libérée des Allemands. Mais les troupes françaises ne peuvent dépasser la ligne Loivre-Courcy-Bétheny et les forts qui entourent Reims restent aux mains des Allemands, à l’exception de celui de la Pompelle qui est repris dans la nuit du 23 au 24 septembre 1914. Les 28 et 29 septembre, la ferme d'Alger passe alternativement aux mains des Français et des Allemands, avant de rester définitivement aux mains des premiers. Désormais, et pour quatre longues années, Reims se trouve en plein sur la ligne de front et sous le feu des canons allemands.


 

Dernière mise à jour : 12 avril 2022

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