Arc monumental construit au tournant des II-IIIe siècles, au nord du CARDO MAXIMUS.

Une longue histoire...

Depuis l’Antiquité, l’entrée dans Reims est marquée au nord par un arc monumental :  la porte de Mars. Étudié par les historiens depuis mille ans, restauré depuis deux siècles, ce monument symbolise aujourd’hui l’histoire antique de la ville nommée à cette époque Durocortorum.

Vers le milieu du IIIe siècle des « arcs monumentaux » sont implantés sur les deux axes urbains qui se croisent au milieu de la ville : la voie nord-sud dite cardo maximus et la voie est-ouest dite decumanus maximus. Ces arcs délimitent le centre-ville.

Leur rôle d’accès est d’abord symbolique puis se matérialise au IVè siècle avec la crainte des « invasions barbares ». Durocortorum impulse alors la construction d’une enceinte qui réduit les dimensions de la ville pour l’enfermer à l’intérieur de nouvelles fortifications. Les quatre arcs sont pris dans cette nouvelle enceinte et sont alors transformés en portes.

L’arc monumental devient difficilement visible lorsque l’enceinte romaine se trouve insérée dans les fortifications médiévales longeant le « château de porte-Mars », nouveau siège des archevêques.

La redécouverte de la porte va être progressive. Celle-ci débute par la destruction du château en 1595. Mais il faut attendre le XIXe siècle pour que l’on commence à dégager la porte des remparts. L’édifice intéresse les érudits conduisant à son inscription sur la première liste des édifices classés au titre des Monuments Historiques en 1840. L’architecte Narcisse Brunette (1808-1895) mène un grand chantier de restauration. Il achève en 1844-45 le dégagement de la façade nord. Il reconstruit le côté ouest, très dégradé, pour le recomposer en prenant modèle sur les parties les mieux préservées. 

La destruction des remparts commencée en 1848 permet enfin le dégagement des façades latérales vers 1852-1853. En 1856 l’architecte Millet finalise le dégagement de l’édifice en libérant la façade sud tout en évidant les arches. Ses restaurations seront neutres à l’inverse de celles Brunette, c’est-à-dire faites pour être visibles tout en respectant les lignes et les volumes, non plus en pierre de taille mais en moellons.

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Illustration 0 Porte de Mars - BMR - B514546101_XXVIII_I_1_01_BMR20_001
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Illustration 1 Porte de Mars à Rheims, lithography by Adrien Dauzats, 1844 © BM Reims
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Illustration 2 Vue de l'arc de triomphe Romain dessiné d'après nature (”View of the Roman Arc de Triomphe taken from life”), lithography by Auguste Deroy taken from La France en miniature, cerca 1860 © BM Reims

… Qui continue de s’écrire

A partir de 2015, piloté par la Ville de Reims et en collaboration avec Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), la restauration de la Porte de Mars débute.

En 2015-2018, des études et des travaux suivis par l’Architecte en Chef des Monuments Historiques (ACMH) François CHATILLON :   Remplacement de la couverture, canalisation, drainage des eaux pluviales et restitution de l’architrave en pierre de taille.

Entre 2017 et 2022 de nouvelles études sont menées par l’ACMH Charlotte HUBERT afin de programmer une restauration des élévations de l’édifice accompagnée d’un diagnostic architectural. En 2020 un plan du monument « pierre à pierre » est établi à partir de relevés 3D (lasergrammétrie) et de photographies redressées (photogrammétrie). Ces nouvelles données archéologiques et techniques ont permis d’envisager des travaux afin de sauvegarder les parements et décors sur les façades et les voûtes.

À partir de décembre 2022 le chantier s’est échelonné pendant 18 mois. Les choix de restauration de l’ACMH se sont appuyés sur les conclusions du comité scientifique établies à partir de l’étude archéologique et sur les préconisations d’experts.

La dualité des façades nord et sud (la façade sud prise dans les remparts ayant bien plus souffert que la façade nord) est préservée par un traitement différencié.

Les vestiges antiques encore en place sont mis en avant et les lignes structurantes de l’édifice antique sont révélées. Pour cela les réparations ponctuelles réalisées depuis le XIXe siècle avec des moellons (pierre plus petites et ordinaires) sont recouvertes d’un enduit à la chaux d’un ton proche de la pierre antique, et ce, afin de mieux restituer les parties antiques encore existantes. Les maçonneries courantes et sculptées, antiques ou présentant un intérêt patrimonial ont été nettoyées et restaurées.

Sur la façade nord, les chapiteaux antiques sont complétés par des greffes ajustées sur la base des témoins en place. Les chapiteaux épannelés (dégrossis) ou en moellons sont remplacés par un modèle s’inspirant de la restauration de l’architecte Narcisse Brunette (à droite de la façade) et des vestiges en place.
Au sud les chapiteaux de piètre facture sont remplacés par des chapiteaux épanelés contemporains restituant le volume originel uniquement. Certains moellons des fûts de colonnes sont remplacés par des pierres neuves taillées et cannelées pour s’harmoniser avec l’existant.

Cette restauration a été permise grâce aux dons de nombreux mécènes.

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Illustration 0 Photos of the restoration site
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Illustration 1 Photos of the restoration site
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Illustration 2 Photos of the restoration site

La restauration avant / après en détail

Le saviez-vous ?

La porte de Mars tient son nom de la proximité d'un temple dédié à Mars, dieu romain de la guerre. 

Unique, il est le plus grand arc connu du monde romain : 30 mètres de long pour une hauteur de 15 mètres. Il fait partie d’un ensemble encadrant le centre-ville, schéma rare dans l’urbanisme  romain. Il présente une riche décoration d’inspiration locale avec notamment un calendrier agricole des 12 mois de l’année et un panneau représentant la moisson. Aujourd’hui, la Porte de Mars est un point de repère pour l’entrée du centre-ville depuis le faubourg de Laon.

Pour en savoir plus

Laissez-vous conter la porte de Mars

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Dernière mise à jour : 27 juin 2024

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